Paris la nuit, deux garçons qui s’aiment. Clin d’œil à Rivette, par son titre, qui fait forcément penser à Céline et Julie vont en bateau, et pour cette manière de filmer la capitale nocturne telle un vaste champ d’investigations (revoyez Le Pont du Nord), Théo et Hugo dans un même bateau, par son unité de temps et dans une certaine mesure d’espace, ne contourne pas l’exercice de style. L’affaire se déroule en temps réel, de l’espace clos et oppressant d’une back room, siège d’une bestialité d’ordre animal qui peut choquer, ne serait-ce que par la durée (plus de vingt minutes) d’une séquence qui n’est pas sans rappeler celle d’ouverture d’Irréversible de Gaspar Noé, à la sécheresse aseptisée de salles d’accueil aux urgences qui vont sceller le destin des deux héros. Le film parle d’amour et de sida, l’écriture mélange un naturalisme constant à un surréalisme discret (exemple le premier échange de regards entre les deux garçons), et le monde ne s’y dévoile qu’à travers ce que vivent les deux comédiens durant un peu plus de nonante minutes. Plus radical que d’autres films du binôme Olivier Ducastel/Jacques Martineau, plus cru bien sûr (les scènes de sexe ne sont pas suggérées), Théo et Hugo dans le même bateau revendique pourtant un romantisme qui, telles les premières lueurs de l’aube, surgit de loin en loin à mesure que la nuit s’achève.
Théo et Hugo dans le même bateau passe en ce moment au festival Everybody’s Perfect.